Voici la tranche de vie de Quetche de Montauban
Je suis née le 25 juin 1992. Je suis un berger allemand femelle noir et feu. Mon éleveur s’est débarrassé de moi en me fourguant chez un marchand. Le mercredi 19 août au soir « ELLE et LUI » sont venus me voir. ELLE sous le bras des photos de Mabrouck (chien vedette de l’émission 30.000.000 d’amis). Elle en veut une copie conforme.
J’affirme mon caractère en lui déchirant ses bas nylon. Ce qui la fait hésiter. Lui moins titilleux sur les détails c’est déjà ce jour là que je l’ai séduit. C’est le samedi 22 août 1992 que je quitte le marchand pour rejoindre ma nouvelle famille.
C’est mamy qui vient me chercher et à notre 2ème rencontre je lui montre que j’ai envie de partir avec elle. Une autre dame est venue aussi, on l’appelle mémère, quand à la 3ème personne, je comprends vite qu’il s’agit de mon petit frère et que c’est à moi de veiller sur lui.
Nous prenons place dans la voiture après les recommandations du marchand. C’est dans les bras de mémère que nous faisons le voyage(C’est pour cette raison que j’adore ma mémère et que je lui témoigne à chacune de ses visites).
Adieu l’enfer ! Et vive la vie !
Me voici enfin chez moi, il y a une grande pelouse où je m’y sens bien et en sécurité. Petit frère partage ses jouets avec moi.
« Elle « s’occupe bien de moi. Quand à « Lui « , le voilà enfin. Il rentre du travail. Voilà ses premières caresses, il parle fort!
Quelque chose me dit qu’il doit être le « chef ». Mon souper est prêt, je vais manger….
Je pointe déjà des oreilles ce qui provoque la fierté de mes maîtres. « Je suis un vrai berger allemand « ! (on y reviendra d’ailleurs plus tard). Il se fait tard, on a regardé la Télé au salon et maintenant il est l’heure de dormir, »Lui »m’indique une pièce où on a mis un panier avec une couverture; je m’installe, une caresse et puis il s’en va me laissant seule. Ah non je ne veux pas rester seule ! Je me suis mise à hurler et croyez moi ça je sais le faire.
Les jours ont passé et les visites de mémère accompagnée de sa chienne Sarah se font de plus en plus fréquentes et moi je m’amuse bien. J’ai à présent 3 mois et nous voici embarqués en voiture pour une randonnée. J’adore la voiture car je m y sens bien.
Nous arrivons peu de temps après dans un endroit où il y a plein de petits copains à quatre pattes comme moi. Nous nous dirigeons avec mamy près d’un groupe de personnes qui semblent s’intéresser à moi.
Au pied, assis, en voila des manières moi tout ce que je veux c’est être près de mon papy. Très vite les commentaires sur mes origines et ma taille sont venus décourager mamy.
Sur ce elle devient impatiente et déçue. Il est vrai que je ne suis pas très grande par la taille et que je n’aime pas trop les mots au pied,assis, couché, etc… Après tout, je ne suis pas une poupée. De toute façon,je sent bien depuis le début que je ne suis pas vraiment le petit toutou à sa dadame qu’elle espère.
Par contre papy me prend comme je suis et c’est lui qui à partir de maintenant va m’emmener au club tous les Dimanches.
Quand à mamy elle est allée me chercher une petite sœur.
Elle s’ appelle Quincy et pour répondre à la fierté de Mamy,elle est inscrite dans le livre des origines de la Saint-Hubert.
Moi je l’appelle « Prrrincesse »
Les Dimanches se succèdent et avec papy nous partons très tôt le matin car j’apprends à pister, je sens que papy est très tendu il veut absolument que je réussisse tout ce que nous faisons ensemble. Il me fait confiance et je veux être à la hauteur (au fait papy a décidé de retirer la dernière lettre de mon nom, c’est mieux pour les commandements).
C’est une personne plus âgée qui apprend à papy comment me faire pister, on l’appelle Président. Devant mes résultats très prometteurs il insiste sur le fait que je ne sois pas inscrite dans le livre des origines de la Saint-Hubert quel dommage! D’autres personnes s’occupent bien de nous. Jean et Viviane m’apprennent les positions : assis, couché, refus d’appâts, rappel et surtout la marche au pied sans laisse. AAAAAH si j’avais eu un pedigree Saint-Hubert j’aurais pu avoir un carnet de travail et participer aux concours officiels.
Le 20 février 1993 sur l’insistance du Président auprès de Papy, on décide de me faire subir l’épreuve du brevet du club afin de tester mes capacités pour pouvoir suivre le programme R.C.I.
Mes résultats sont 79%. Il faut dire que ce n’était pas notre objectif principal. Peu de temps après nous participions à une sortie nocturne très importante car mamy y participait aussi avec Quincy. Quelle élégance tout le monde a les yeux braqués sur Prrrincesse. Avec papy nous partons vers les épreuves, cette fois ce sont des inconnus qui nous indiquent les exercices à effectuer. C’est merveilleux! Quelle soirée d’ivresse. Mon papy est très fier de moi car j’ai obtenu exaeco avec Prrrincesse: 100% des points. Devant ce résultat papy est encouragé et sur les conseils de Pol nous nous présentons au Luxembourg le 25 avril 1994 devant un jury qui me délivre un carnet de travail et m’enregistre sous licence luxembourgeoise. La paperasserie administrative fait de moi un vrai berger allemand.
Maintenant au club les données ont changé et je suis dans la cour des grands. On s’intéresse beaucoup plus à moi qu’auparavant. Le pistage ne me pose pas de problèmes mais le coucher libre sans mon papy ne me laisse pas muette. C’est avec Marc et sa chienne Douchka (très sage) que nous le perfectionnons. Papy et Denis m’apprennent à visiter « les portes » ; il faut que je les fasse toutes avant d’atteindre la dernière où, j’y arrive seule. Je me tiens devant l’homme d’attaque et je l ‘aboie en le maintenant dans sa cachette. C’est avec Ludovic que j’apprends à mordre « à fond de gueule ».
Finalement vous voyez j’ai tout d’un berger allemand et je fais tout aussi bien qu’eux (rappelez-vous on y reviendra plus tard).
Le 08 septembre 1996 nous avons même participé au championnat de Wallonie, il y avait plusieurs juges ce jour là.
En piste nous obtenons la mention et sommes parmi l’élite (pas mal de l’avis de ceux qui me trouvaient petite).
Dans le programme d’obéissance nous faisons de très beaux points. Papy est d’ailleurs très content et pendant que le second juge donne nos points sous les bravos du public, il me caresse, me félicite et me donne même des bisous, mais cela n’a pas été du goût du juge qui pendant la seconde partie nous enlève des points sans que je ne fasse la plus petite des bêtises.
Papy questionne le juge sur mes erreurs, alors que personne n’avait rien vu, voici ce qu’il a dit :
« Ce n’est pas votre chien qui fait des erreurs mais vous devez attendre la fin du programme complet avant de le féliciter »
Papy,rétorque qu’il peut lui retirer les points qu’il veut, que cela n’est pas grave tant que ce n’est pas mon travail qui est en cause. Hélas cela nous a fait perdre encore quelques points.
Vient enfin l’épreuve de défense et papy m’emmène sur le terrain pour commencer le travail.
Toute l’assistance retient son souffle, cette fois les regards sont braqués sur moi la luxembourgeoise. Il faut dire que je termine avec 94 pour cent. Il a fallut que monsieur le juge nous retire quelques points, malgré les contestations du public.
Pour finir, le moment tant attendu : le juge nous octroit la 2ème place mais de l’avis de toute l’assistance j’étais dans leur coeur la gagnante. Après cette aventure d’un commun accord nous décidons de passer nos Dimanches en promenades ou tout simplement à la maison. Quand à mamy et Quincy, elles, il y a bien longtemps qu’elles ont mis le travail de côté. Les années passent vite quand on est heureux et heureuse on peut dire que je l’ai été. J’ai même voyagé, les gorges du Tarn,l’Auvergne,l’Espagne …..
Que des moments de bonheur auprès de mes maîtres biens aimés. Neufs années se sont écoulées…. D’où je vous parle maintenant personne ne peut me voir ni m’entendre car le 23 mai 2001 mon âme s’est envolée à jamais. C’est un peu jeune et j’aurais aimé rester encore un peu de temps auprès d’eux. Malheureusement, le destin en a voulu autrement. D’ici je peux les voir, ils ont déjà beaucoup de chagrin et ils n’ont pas fini de souffrir car il faudra du temps pour combler le vide que je laisse derrière moi. Moi Quetche de Montauban le chien venu de nulle part que tout le monde donnait perdant. Je n’ai vraiment rien à envier au soit disant vrai berger allemand. Car de la fidélité en passant par l’intelligence, j’en ai hérité toutes ses qualités. Du fond du cœur je remercie mes maîtres de n’avoir jamais douté de moi et mon dernier cri sera pour leur dire combien je les ai aimé.
Quetche Berger Allemand